Un petit appartement, quelque part à Port Angeles.
Le vampire est assis confortablement dans un vieux fauteuil capitonné, un drap blanc lui ceignant les hanches comme unique vêtement.
La fenêtre est grande ouverte sur les bruits de la ville, mais aucun vis-à-vis ne vient troubler sa quiétude.
Dans un coin de la pièce, une pile de vêtement déchiquetés, imbibés de sang, pas exactement son sang.
La fuite dans les bois, l'attaque.. Ce loup énorme, cette puanteur qui lui avait saisi la gorge en même temps que les crocs de l'animal se refermait sur son bras.
Felip renverse la tête en arrière, ouvrant et fermant machinalement les doigts de la main gauche, comme pour vérifier que tout était bien opérationnel. La situation se corsait, petit à petit...
Tout avait bien commencé pourtant. Il allait enfin pouvoir discuter avec cette jeune vampire, cette proche de..
Les doigts de Felip se crispent autour du verre à vin qu'il tient dans la main droite, faisant exploser celui-ci en centaine d'éclats. Le liquide vermeil, poisseux, se répand sur le drap blanc. Il reste sans réaction.
...la voix de Caïus, encore et encore... Tue la! Cette hérésie, cette créature, cette... hybride.
Il se lève enfin, se dirige vers le lit. Une jeune femme semble endormie, épuisée après une longue nuit d'un tourment consenti.
La mort, toujours la mort.. les sermons.. Et ce nom, encore, toujours. Renesmée. Son objectif, sa raison d'exister. La cause de sa mort, de sa renaissance. Sa liberté. Sa fin. Sa faim également. Son sang coulant à flot.
Un doigt glisse amoureusement le long de la joue de la jeune femme. Il s'appuie à peine sur les draps rouges.
Plus que son sang, sa mort, il l'accusait. Son innocence, cette bulle dans laquelle elle vivait...
Sa main dégage le visage de la jeune femme, recouvert par ses cheveux. Si délicatement, il ne veut pas la réveiller...
D'abord ce vieil homme. Pas trop proche d'elle, mais suffisamment. Mais cela n'avait pas suffit, elle restait intacte, flottant dans son univers.
Il observe presque tendrement le regard exorbité de l'inconnue. Elle avait fait les frais de son agression par le loup. La soif, ses blessures.. Il avait épuisé son contrôle et une "innocente" humaine en avait pâti. Il sourit de l'ironie, comptabilisant cette mort à l'actif de ces grands défenseurs de l'humanité.
Et puis Mia, la petite Mia... Le destin semblait l'avoir mis sur son chemin. Un don fascinant, un chat sauvage qu'il souhaitait transformer en fauve, hors de contrôle, à ses cotés, blessant dans le corps et dans l'âme ses proches si hypocrites et leur aberration.
Il se relève, se dirige vers la salle de bain.
Quelques instants plus tard, la porte de l'appartement se referme. Tout est calme.